Contes de Voltaire  Préface

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C'est le génie de Voltaire qui, plus que tout autre, a marqué « Le Siècle des Lumières ». L'époque de la Régence s'affirma comme une émancipation des esprits, avec les « Libertins », mais le règne de Louis XV connut à nouveau les rigueurs de l'intolérance politique et religieuse. C'est contre l'intolérance que Voltaire mena en littérature et en action le magnifique combat de la Raison. Les auteurs de la Renaissance, Rabelais, Montaigne, s'étaient faits les pionniers d'une libération spirituelle. Les philosophes du 18e siècle continuent leur œuvre: le rationalisme, voilà l'instrument par lequel ils veulent délivrer l'humanité de ses contraintes. Contre toute croyance imposée, ils tendent à se faire des opinions raisonnées sur tous les sujets. Ils remettent donc tout en cause, politique, religion, et même morale. Ce sont des « vulgarisateurs » qui s'imposent la mission de disséminer la « vérité ». De « la lumière » l'instruction, viendra le bonheur pour les hommes.
Au 17e siècle Descartes, Gassendi, Bayle et Fontenelle ont montré la voie. Les premiers « philosophes » français du 18e siècle suivent les Anglais. Bacon, Hobbes, Newton, Locke surtout qui fait tout dériver des sensations, sont des modèles. On lit Spinoza en secret.
Les « philosophes » cependant, ne sont pas tous d'accord. Il y a le camp des athées, résolument matérialistes. Il y a celui des déistes, dont à la suite de l'anglais Lord Bolingbroke, Voltaire est le chef. L'athéisme est illustré par le curé Jean Meslier et son « Testament » d'un nouveau genre, par la Mettrie qui avec son « Homme-Machine » et son « Homme-Plante », esquisse une théorie de l'évolution. Helvétius intensifie le combat contre l'Église, et se fait déjà le défenseur de la tolérance dans son livre « De l'Esprit ». Enfin le baron « d'Holbach », cet aimable athée mondain, dénonça la collusion de l'Église et de l'État, et sa philosophie, excluant toute conception de Dieu, est parfaitement matérialiste, dans son ouvrage « Le Système de la Nature ».
C'est dans ce climat qu'arrive Voltaire. Sans doute subit-il l'influence du temps. Mais elle retentit profondément dans un esprit prédisposé. Voltaire dit ce qui a déjà été souvent dit auparavant.
Mais ses paroles à lui vont incendier l'Europe et marquer la pensée de son temps et du nôtre.
Quelle était la personnalité de Voltaire? C'était un grand émotif qui voulait dompter une sensibilité débordante. Il en était arrivé à se défier du sentiment, d'où sa haine pour Rousseau, le sentimental, et à rechercher en tout la Raison rééquilibrante. Ce perpétuel effort lui interdisait tout abandon, et l'a finalement éloigné de la création poétique. Il est à l'origine de son abomination pour le catholicisme, religion du sentiment. Voltaire gardait de son enfance l'horreur des prêtres, et l'Église ne lui offrait qu'exemples de passions sanguinaires. Le fanatisme, issu des instincts primitifs, était pour lui la cause des malheurs humains. Le bonheur, pour lui-même, et pour ses frères les hommes, devait venir des suprêmes conquêtes de la raison sur l'affectivité brute.
Donc, pour Voltaire, l'ennemi, « l'infâme » c'est le fanatisme atroce et implacable, la « folie religieuse sombre et cruelle ».
Entendez par là également toutes les sortes de superstitions, tout ce qui témoigne de la stupidité populaire et traditionnelle. Là est le danger! D'où ce mot d'ordre : « Écrasez l'infâme ».
Mais Voltaire est loin d'être un athée. Seulement, au christianisme, religion passionnelle et pour lui néfaste, Il veut substituer une religion froide et rationnelle. C'est le déisme ou « théisme » comme il le nomme, où Dieu est sensible à l'esprit, non au cœur. Cette religion universelle a pour base la notion abstraite et intellectuelle d'un Dieu « premier moteur », architecte cosmique. On pense à Aristote, mais Voltaire, pourtant ennemi de la conception biblique d'un Dieu sévère, reconnaît l'utilité de la croyance en des sanctions divines pour protéger la société, et maintenir un haut niveau de moralité. Ces deux vers, (il ne faut surtout pas passer le deuxième sous silence,) expriment son opinion :

«Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.
Mais toute la Nature nous crie qu'il existe ».

Toute sa vie. Voltaire, quoiqu'il fit pour s'en défendre, se sentit confronté aux grands problèmes métaphysiques de l'existence de Dieu et de la destinée humaine. S'il ne connut pas lui-même de très grands malheurs, si ce n'est la mort de Madame du Châtelet, il souffrit toujours au spectacle de la misère des hommes. On sait que le tremblement de terre de Lisbonne l'émut au point de lui inspirer un poème. Devant le malheur, il se révolte contre l'idée d'une Providence bienfaisante. Et pourtant il croit au bonheur des générations futures. Partagé entre l'horreur de la condition humaine, et l'espoir dans le progrès, il oscille entre un pessimisme presque pascalien et un optimisme mitigé.
Finalement, toujours par l'effort, il se dérobe aux interrogations métaphysiques. Il limite son ambition au confort matériel et moral sur la terre et à l'exercice de la vertu. La conclusion de Candide est très révélatrice à cet égard. Après tant d'infortunes, le héros vient en demander la raison à un vieux derviche qui lui ferme sa porte. Il ne lui reste plus qu'à cultiver son jardin.
Ce confort, ce bonheur sur la terre, c'est le but de l'œuvre voltairienne, qui veut modifier les esprits, transformer la société. Si le développement des connaissances, la lumière, arrive à vaincre les forces mauvaises, la sombre puissance de l'instinct, alors l'humanité régénérée verra s'instaurer une ère de paix et de prospérité. C'est là la croyance au Progrès, essentielle au 18e siècle, et germe de toutes les doctrines socialistes du 19e siècle.
Jusque-là, on pensait avec Platon que les hommes, depuis la fin des temps originels, l'Age d'Or, n'avaient cessé de s'éloigner de l'égalité, donc de la justice. Les auteurs de la Renaissance, bien que souvent d'esprit platonicien, mais influencés aussi par Epicure, étaient déjà « progressistes ». Mais l'espoir du retour de l'Age d'Or, ce messianisme qui tient aux racines de l'âme humaine, était, jusqu'au 18e siècle, plutôt un héritage de la Bible, et supposait une intervention divine. Les « philosophes » en'font le résultat d'un effort volontaire et raisonné de l'intelligence humaine.
C'est là l'idée directrice de toute l'action de Voltaire. Il la développe notamment dans son « Essai sur les mœurs et l'esprit des Nations ». Condorcet la reprendra .plus tard dans son « Esquisse d'un tableau des Progrès de l'Esprit humain ». Cette idée, présente sans cesse dans l'œuvre voltairienne, on la trouve en filigrane dans les Contes, dans Zadig, dans l'Ingénu et dans Candide. Certes Voltaire est souvent injuste dans sa lutte contre « l'infâme ». Musset pourra lui reprocher son « hideux sourire ». Mais il lui fallait se dresser et dresser les esprits contre les institutions traditionnelles. Monarchies et Églises qui niaient la liberté génératrice de progrès. Pour Voltaire, l'homme, doué de raison, a le devoir de combattre les rêveries, les illusions, les chimères. Il doit regarder en avant, pas en arrière. Il lui fait secouer le poids
du passé, des coutumes, de la routine. Ne pas « s'enraciner »!
Voltaire est contre tout particularisme régional ou national. Il ose déjà être « citoyen du monde ». La loi humaine doit être universelle, parce que la raison est la même partout. Ainsi s'écroulent toutes les barrières. Tous les hommes sont frères. C'est déjà le projet d'une « internationale » si mal réalisé encore de nos jours. C'est l'avenir, il en a la prescience.
L'histoire d'aujourd'hui, bien qu'elle nous offre quelquefois un terrible démenti, ne nous montre pas moins sur le plan de l'individu, et notamment avec la Déclaration des Droits de l'Homme, qu'un grand progrès s'est tout de même réalisé, dû en grande partie à des écrivains comme Diderot, Rousseau et Voltaire, ces Grands Philosophes et Précurseurs de l'Avenir.


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