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LOUIS XI ET CHARLES LE TÉMÉRAIRE DE PHILIPPE DE COMMYNES
PRÉFACE DE ANDRÉ CASTELOT
En quittant Comines, un matin de 1464, notre futur historien -- il avait alors dix-sept ans -- laissait derrière lui une ville célèbre par ses draperies -- la fameuse blanquette de Comines -- et une seigneurie fort importante dont dépendaient cent quarante-trois fiefs, sans parler d'autant d'arrière-fiefs... Des règlements sévères ordonnaient alors l'existence de Comines. Le tisserand, qui demeurait au lit après qu'eut tinté la cloche du matin, devait payer une amende de douze deniers, et si le drap qu'il fabriquait se trouvait trop court, une amende encore plus sévère le frappait. Certains édits ne manquaient pas de pittoresque. C'est ainsi qu'en prévision des incendies « toute personne étant en ménage » devait, sous peine d'une amende de cinq sols, posséder une échelle suffisamment longue pour dépasser le chéneau de trois échelons... Lorsque le jeune Commynes arriva à Lille, le vieux duc de Bourgogne -- le grand duc d'Occident -- le coléreux Philippe le Bon, vivait encore, mais n'était plus qu'un vieux débauché qui, la bouche entrouverte, regardait les femmes de son œil jaune. Fier de sa race -- il s'intitulait duc par la grâce de Dieu -- et ayant réussi à doubler son patrimoine, il avait oublié qu'il était un rameau de la Maison de France... Commynes fut ébloui par le luxe qui régnait à la cour de Bourgogne. Le nombre considérable de gentilshommes et de domestiques le laissa pantois. Même le Versailles du Roi-Soleil ne comptera pas une telle masse de serviteurs, dont chacun détenait des prérogatives convoitées...
(Extraits)
DESTINS HORS-SÉRIE DE L'HISTOIRE - LIBRAIRIE ACADÉMIQUE PERRIN . PARIS
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